Le train s'arrêtera trois fois
Le Chepe: 650 km d'aventure du Pacifique à Chihuahua
Ca y est, notre périple en duo a vraiment commencé. Mardi 5, on a dit aurevoir à la famille d'Edurne et à Damien et on s'est embarqué de justesse dans le premier bus pour Los Mochis, une ville à 3h de route d'Obregon. De la fenêtre on voit les cactus défiler et le désert qui s'étend. L'autre fenêtre, la télé, nous diffuse deux films dignes d'un drame post-prandial l'après-midi sur M6. Idéal pour la sieste.
Los Mochis est une grosse ville, sans grand intérêt si on n'a rien à y acheter. Il y a des centres commerciaux et des magasins de chaussures partout. Pourquoi des chaussures? On n'en sait rien.
Bref, notre taxi nous emmène près de la gare d'où on doit partir le lendemain et nous dégote une super chambre chez l'habitant. Une sorte de jardin d'Eden avec arbres fruitiers en libre service: mandariniers, citronniers, manguiers, pamplemoussiers, orangers, grenadiers et tous les autres dont on n'a pas compris le nom. Le propriétaire, Valério, est un ancien conducteur du Chepe. Il connaît le parcours par coeur et a des centaines de choses à raconter. Surtout il nous montre des photos des plus beaux coins de la ligne et nous explique où on doit se placer pour prendre les meilleurs photos, après quel tunnel il faut déclencher l'appareil.... Valério est un fan de photo.
Le soir on papote avec son fils Eric-Joel. Il n'a jamais voyagé mais il voit défiler les barroudeurs dans sa maison. C'est comme ça qu'il connaît le monde : Big Ben, la Tour Eiffel et le Colisee... mais seulement de nom.
Demain dès l'aube...
Le départ du Chepe est fixé à 6h. Autour de la gare on n'entend que les coqs et le bruit des machines.
Il fait encore nuit quand le train démarre et progressivement on voit apparaître la lueur du jour et au fond les montagnes se découpent en ombres chinoises. Tout au fond il y a la Barrancha del Cobre, notre première étape.
Pour parcourir les 250 km (à peu près le tiers du parcours) jusqu'à Bahuichivo on a besoin de sept bonnes heures. Il faut dire que le voyage se mérite et s'apprécie. On quitte vite la plaine pour gravir les montagnes à coup de tunnels, de ponts et de passages très étroits entre les rochers rouges. Le train serpente à flanc de montagne, le vide n'est jamais loin (sujets au vertige s'abstenir).
Bahuichivo n'a d'intérêt que pour sa gare et sa petite église. On pousse donc jusqu'à Urique au fond du canyon du même nom.
Bus, re-bus à flanc de colline lui aussi sur une route aussi dangereuse que magnifique qui surplombe toute la vallée et les montagnes autour. On arrive quand même entiers à Urique en se disant qu'on a bien fait de ne pas louer de voiture.
Guerre des étoiles
Urique et ses deux rues, est le théâtre d'une lutte acharné entre les 4 ou 5 propriétaires d'hôtel. L'été il doit y avoir beaucoup de touristes à se partager. En hiver... c'est la pénurie. Comme tous ceux qui arrivent en bus à Urique on tombe dans le panneau. Le chauffeur fait semblant de ne pas comprendre les noms d'hôtel qu'on a repéré sur internet et il nous emmène directement au "Paraiso Escondido". Des chambres loués par un de ses amis sûrement. Comme par hasard la soeur du propriétaire tient un restaurant juste à côté et on est chaudement invité à faire fonctionner toute la chaîne de l'entreprise familial.
On découvre l'astuce quand on va prendre une bière dans un autre hôtel-restaurant (avec Dan et Mallory croisés par hasard dans la rue) Là la propriétaire nous saute dessus en nous demandant où on loge et si on n'est pas intéressé par ses chambres vraiment pas cher avec une vue imprenable et que même dans quelques temps on pourra loger dans des cabanes au bord de l'eau. Une fois qu'elle a compris qu'elle n'arriverait pas à nous faire changer d'hôtel, elle nous confie que c'est la faute du conducteur de bus qui n'indique jamais où sont les autres hôtels.
On compatit mais on reste dans notre "paradis caché".
Et au milieu coule une rivière
Le lendemain on part à la découverte des environs. On met le cap sur un village au fond du canyon. On n'a pas réussi à trouver son nom. Sur la route on découvre un Mexique encore inconnu avec des gens capables de marcher 2h aller et autant au retour pour aller se ravitailler à Urique. On suit pendant une bonne heure deux jeunes filles qui rentrent chargées de sacs et qui marchent en petites sandales. Nous, pour notre première rando on a sorti les grosses chaussures de marche, le sac à dos, les casquettes et les réserves d'eau. La comparaison n'est pas à notre avantage.
Le payasage est magnifique. On s'élève petit à petit dans la montagne pour surplomber le lit de la rivière. au-dessus de nous, tout autour, les couleurs sont superbes: l'ocre des barrières rocheuses illuminées par le soleil, le vert intense de la végétation, le bleu-gris de la rivière.
Une fois arrivé au village (nous l'appellerons "le village"), on poursuit en direction d'un canyon plus petit, sans trop savoir où on doit passer. On arrive au bord d'une rivière et après avoir étudié toutes les possibilités de la taverser, en vain, on s'arrête pour pique-niquer. Hors de question de se baigner, l'eau doit être autour de 12°.
Du coup on fait marche arrière et on remonte le long d'un petit canal parallèle à la rivière. En contrebas, c'est jour de lessive, on voit les tissus très colorés et on entend le frottement des vêtements sur les rochers. Au bout d'une demi heure on découvre une petite crique qui brille au soleil, avec des gros rochers qui nous appellent pour la sieste. On cède à la tentation et puis on fait demi-tour.
On the road again
L'étape à Urique ne dure qu'un jour. Le lendemain (le vendredi) on doit choper notre train à Bahuichivo pour poursuivre jusqu'à Creel. Et bien sûr il faut se faire la route dans l'autre sens. Bus à flanc de montagne, re-bus, église, gare, attente. Le bus (il n'y en a qu'un) part à 8h d'Urique et arrive 2h30 plus tard à Bahuichivo. Vu que notre train n'est censé arriver qu'à 15h ça nous laisse plus de temps qu'il n'en faut pour tester les enchiladas locales (pas top d'aqilleurs).
Il y a deux Chepe: la primera clase qui circule tous les jours et dont les billets coûtent cher et la clase economica qui roule les mardi, vendredi et dimanche seulement.
C'est à ce moment qu'on a regretté de ne pas mieux parler espagnol. A la gare un gars nous indique que la clase economica passera vers 18-19h (au lieu de 15h), des passagers nous confirme l'info, et puis l'employé au guichet nous dit que le train passera vers 14h. Et enfin quand le train primea clase arrive (il passe toujours au moins une heure avant la clase economica), le contrôleur nous dit que le train suivant est le surlendemain. Au bénéfice du doute on monte dans la première classe.
La suite, très bientôt ...
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