Puno: des trompettes au pipeau
Il faut bien le dire, on a fait une arrivée en fanfare à Puno; en plein milieu des fêtes de la Virgen de la Candelaria (la Chandeleur avec des défilés en plus et des crêpes en moins). Pendant 5 jours toute la ville ne vit plus qu'au rythme des orchestres et des danseurs qui paradent dans toutes les rues. Confréries des policiers, des conducteurs de camion... Ce doit être très drôle pour les péruviens de voir le flic qui lui a mis une amende, décoré avec des rubans et faire des sauts sur la place de l'Eglise. Nuits et jours on peut entendre trompettes, trombones, tuba et grosses caisses.
Le reste de l'année, Puno c'est aussi et surtout le port d'embarquement pour les îles du lac Titicaca, le lac navigable les plus élevé au monde. On est ici à 3800 m d'altitude.
On s'est donc inscrit à un des nombreux tours proposés par les agences de la ville. N'ayant pas souffert du mal des montagnes jusque là on s'est dit qu'on résisterait facilement au mal de mer à haute altitude.
L'embêtant avec les tours c'est qu'ils sont organisés! Car la visite des îles du lac est une vaste opération mercantile destinée à faire banquer le toursite. Tous les ingrédients sont réunis pour un mélodrame touristique: des autochtones plus ou moins isolés, des bonnets péruviens et un lieu clos, ou presque.
1er acte: la visite des îles flottantes d'Uros.
Ce sont des îles créées de toutes pièces par les hommes avec une base en racines de roseau sur lesquelles on ajoute des roseaux coupés, tout ça sur 3 m de hauteur. Un assemblage très solide et assez impressionant de 10 m sur 10 m sur lequel vivent 5 à 8 familles. Mais elles ne vivent QUE de leur artisanat. Donc une fois la présentation des îles faites, les femmes, qui maîtrisent les rouages du commerce aussi bien qu'un étudiant d'HEC, nous entraînent visiter leur maison où, oh! comme par hasard, sont exposés les petits bonnets, mobiles en roseau et autres étoles qu'elles ont fabriquées. Pris au piège on se sent obligé d'acheter. Et comme ces familles ont vraiment besoin d'aide, dixit notre guide, celui-ci nous impose "le choix" de monter dans un bateau de roseau spécial touriste (qu'ils surnomment Mecredes Benz). Le petit tour est bien sûr payant.
Avant de repartir, les femmes de l'île nous font un petit spectacle: une chanson en Quechua (oui oui c'est une langue, pas seulement une marque Décathlon), une en Aymara et une en Anglais. Et pour finir, le bouquet final, "Vamos a la playa". On est un peu écoeuré par ce show bien rôdés auquel doivent participer des dizaines de touristes par jour.
2e acte: l'accueil chez l'habitant.
On arrive sur l'île d'Amantani où l'on doit passer la nuit. En route, Freddy, notre guide, a tenté de nous expliquer l'origine du lac et les légendes qui s'y rapportent. Malheureusement il parle aussi bien l'espagnol et l'anglais que nous le bulgare. Du coup on décroche vite.
Sur Amantani vivent 10 communauté qui accueillent à tour de rôle les bateaux de touristes. Nous atterrissons chez Ines. Elle vit avec son petit garçon de 4 ans et son mari que nous ne verrons pas. La maison est proche du lac et les chambres sont très confortables. Lors du premier repas, on essaie d'établir un contact mais Ines doit voir défiler un paquet de touristes chaque mois qui lui posent tous les mêmes questions, du coup elle semble un peu lassée et ne s'intéresse pas vraiment à nous. Sauf quand on lui parle d'artisanat. Là elle dégaine un sac rempli de bonnets péruviens qu'elle nous propose d'acheter. On refuse poliment.
L'île est en fait une grosse montagne qui sort de l'eau. Au sommet, à 4050 m se trouve un temple en ruine dédié aux divinités du lac Pachamama et Pachatata. L'ascension est laborieuse: pente raide, souffle court. Mais la vue depuis le haut est magnifique, à 360° sur le lac aux eaux d'un bleu scintillant au soleil couchant.
Le soir, les habitants du village ont prévu une petite fête, comme à chaque fois que des touristes débarquent. C'est une fête déguisée: les hommes sont affublés d'un poncho et d'un bonnet, les femmes d'une jupe, d'une ceinture, d'une chemise et d'une manta. On se retrouve dans une sorte de salle communale, tous vêtus de la même manière prêts à danser sur les chansons d'un groupe local. On sent que la fête est un peu forcée mais c'est plutôt marrant.
3e acte: Île de Taquile.
La dernière du package. On arrive par l'est et après un petite balade autour de l'île on en repart par l'ouest. Toute en collines et en vallons, elle est très verte. Le contraste est splendide avec les différents bleus du lac. Les maisons sont accrochées aux pentes avec quelques moutons en liberté, ce qui lui donne un air très paisible. Encore ici on fait de l'artisanat et encore ici, le porte-feuille du touriste est accueilli avec bienveillance.
Epilogue: au final tout le monde est content: on a bien profité de cette balade sur le lac et des super panoramas; les locaux ont bien profité de notre passage. Et pendant ce temps là à Puno, les fanfares continuent leur récital.
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